Le moratoire lancé au printemps dernier pour résoudre l’épineux dossier du Silex n’a accouché que sur une situation pire encore. Lundi 31 janvier, les membres du collectif de défense du projet ayant participé à une réunion avec plusieurs élus de la majorité sont ressortis « écœurés » de l’hôtel de ville, avec l’impression de « s’être fait mener en bateau du début à la fin ». « C’est une vaste fumisterie », lâchait un autre participant, contacté le lendemain et toujours en colère de la teneur des échanges de la veille.

L’indignation des défenseurs de ce projet, lancé en 2015 par la précédente municipalité et qui devait regrouper dans les sous-sols du Créa un ensemble d’infrastructures pour la pratique des musiques actuelles et des nouvelles technologies, naît d’un nouveau revers : la non-prise en compte d’un nouveau format du projet, qui leur avait été demandé par la mairie au lancement du moratoire, mais que celle-ci n’a finalement pas retenu. « On nous a demandé de faire un projet, ce qu’on a fait, mais ça n’a servi strictement à rien, dénonce-t-on au collectif. En vérité, les archives sont déjà installées. » La municipalité a effectivement prévu de délocaliser ses archives, aujourd’hui éclatées sur plusieurs sites dont certains vieillissants, dans cet espace flambant neuf occupé jadis par la bibliothèque municipale. Une décision qui, selon nos informations, serait pratiquement actée.

Une salle de 40 m2 proposée

Celle-ci rendrait de fait impossible la réalisation du Silex sous son format initial. En avril dernier, Emmanuelle Gazel expliquait dans ces colonnes vouloir redéployer chacune des briques du projet, de manière à les faire fonctionner indépendamment les unes des autres. C’est dans cette optique qu’elle a proposé, lundi lors de la réunion, une salle d’une quarantaine de mètres carrés au deuxième étage du Créa, un temps occupé par le FabLab à son lancement, pour accueillir la partie “musiques actuelles” du Silex. Une proposition balayée de la main par les défenseurs du projet, car elle dénaturerait l’essence même du Silex.

L’idée est en effet bien loin du nouveau format travaillé ces derniers mois par le collectif de défense du Silex, présenté lundi aux élus, et auquel nous avons eu accès. Le dossier de 5 pages décrit un espace multidisciplinaire s’épanouissant dans la totalité de la surface disponible en sous-sol du Créa, réparti entre des locaux de répétition, des studios d’enregistrement, des salles dédiées aux nouvelles technologies, le FabLab dans sa configuration actuelle, ainsi que des espaces partagés de convivialité. Un lieu « ouvert à tous les artistes, qu’ils soient en devenir, en herbe ou confirmés, quel que soit leur âge, leur discipline et leur niveau de pratique », écrivent les auteurs de la présentation du projet.

Basé sur le bénévolat

Le format est tout compte fait assez proche de celui imaginé dans la première version du Silex. On y retrouve, par exemple, deux salles dédiées à la “musique assistée par ordinateur” (MAO), signe d’une volonté d’être à la pointe en matière de technologie et d’innovation culturelle. La grande différence est davantage dans le volet fonctionnement. Alors que la municipalité reprochait au projet un coût de fonctionnement trop lourd à porter pour les finances de la collectivité, le collectif de défense du Silex affirme que sa version repose intégralement sur le bénévolat et la MJC, qui gère déjà l’accueil du Créa. « Les gens sont motivés, cela ne coûterait pas d’argent en fonctionnement », milite Anne-Marie Rivemale, membre du collectif. Le dossier évoque seulement un investissement de départ de 25 000 € pour l’achat de l’équipement nécessaire, comme les instruments, le matériel de sono et d’informatique ou encore le studio numérique. Il est, cela dit, également fait mention de l’achat de mobilier et de la création d’un poste pour le volet numérique, non fléchés dans le budget.

Des concerts, expos et ateliers

Côté recettes, le projet prévoit des tarifs de location des salles de l’ordre de 75 € pour 25 répétitions (soit 1,5 € de l’heure) avec des réductions accordées aux lycéens, étudiants, chômeurs et bénéficiaires du RMI, ainsi que des tarifs dégressifs pour les groupes. « Les musiciens, en montrant leur travail abouti au public dans la salle René-Rieux, récolteront les entrées payantes comme aide financière pour payer la location », précise le dossier.

La formule prévoit en outre l’organisation de concerts et de scènes ouvertes au sein du Silex, ainsi que des accueils d’exposition, des ateliers d’écriture et des formations. « On ne veut pas que les archives s’installent ici, il faut que ça reste un espace pour les associations qui manquent actuellement de salles », argue encore Anne-Marie Rivemale. Le collectif craint particulièrement une délocalisation des “briques” du Silex sous pavillon privé, et non pas associatif. Alors qu’une communication officielle du collectif doit être réalisée dans les prochains jours, ses membres affirment déjà ne pas vouloir en rester là.

 

                                                                                                                          Tristan Durand


au. Opinion : « De Gargamel à Calimero »

 

 

Attitude étrange de Michel Durand, pourtant vieux routier de la politique. Membre du PS, des années dans l’ombre de son frère Guy, élu municipal,

il nous fait une analyse rapide de qui est « gentil » ou « méchant ». Vous l’aurez compris, si vous faites partie de la majorité municipale Gazel vous êtes gentil, si vous pensez différemment, vous êtes méchant.

– Dire que Mme Gazel n’a pas dit la vérité sur sa position sur l’avenir des hôpitaux Millau – Saint-Affrique lors de la campagne des municipales fait-il de moi un haineux, un aigri ?

– Dire que je me pose la question sur le changement de visions de certains élus de la majorité municipale sur leurs voltefaces concernant l’hôpital médian puisque Mme Gazel a dit en conseil municipal que tous ses élus avaient une vision commune sur le site de l’hôpital médian à Saint-Georges-de-Luzençon, fait-il de moi un haineux, un aigri ?

– Dire que Mme Gazel n’a pas été très fairplay lors de l’inauguration de la passerelle du Saoutadou, fait-il de moi un haineux, un aigri ?

– Dire que Mme Gazel avait promis de poursuivre le Silex et qu’elle a détruit ce projet pour y mettre de « vieux papiers », fait-il de moi un haineux, un aigri ?

– Dire que Mme Gazel rachète un immeuble le double de son prix estimé sans faire appel, fait-il de moi un haineux, un aigri ?

– Dire que Mme Gazel va financer à hauteur 500.000€ des compteurs d’eau qu’ensuite Véolia va nous louer et que le prix de l’eau va augmenter malgré la baisse des charges en personnel, fait-il de moi un haineux, un aigri ?

– Dire que c’est bien de baisser le prix des repas de la cantine pour certains enfants ainsi que ceux des repas à domicile pour certaines personnes âgées, mais que c’est injuste d’augmenter ceux qui payaient déjà le plus cher, à minima il aurait été plus juste d’au moins ne pas les augmenter, fait-il de moi un haineux, un aigri ?

Attitude d’autant plus étrange qu’il y a quelques mois, Michel Durand était élu de l’opposition.

Ayant assisté à de nombreux conseils municipaux, j’ai perçu en lui un élu besogneux qui cherchait toujours la petite phrase cinglante. Il faisait partie de cette opposition qui n’hésitait pas à traiter les élus de la majorité de l’époque « d’amateurs ou d’incompétents ».

Adepte de remarques désobligeantes, certes souvent sous le ton ironique qu’on lui connaît, mais parfois blessantes. Parlant par phrases tirées d’auteurs (peut être Cicéron ou Audiard) il frôlait parfois la « ligne blanche ». D’ailleurs il me semble me souvenir qu’un élu de l’opposition avait à cette époque été condamné pour diffamation.

Alors oui il peut toujours y avoir des différences d’opinions, c’est la démocratie, mais pour cela doit il y avoir des « gentils et des méchants » ?

« C’est vraiment trop inzuste ».

 

 

Millau. « Quel avenir pour le sous-sol du CREA ? Archives ou projet socioculturel ? »

 

 

Le collectif de soutien a enfin été reçu le vendredi 18 juin à 14h par Emmanuelle Gazel et Nicolas Wöhrel.

Fort de 130 membres et soutenu par une pétition de 700 signataires, le collectif défend ardemment le projet Silex au CREA, tel que celui-ci a été défini et voté à l’unanimité en conseil municipal en 2018.

En cœur de ville, à proximité des habitants et des commerces, un projet audacieux, mêlant pratiques musicales, nouvelles technologies audiovisuelles, fabrication numérique et nouveaux espaces pensés selon les besoins identifiés auprès des associations locales (environ cent cinquante associations utilisatrices).

Une démarche initiée dans la veine de l’esprit qui règne depuis des années au sein du CREA (centre d’échange de rencontre et d’animation), fruit d’une complicité très étroite entre la collectivité millavoise et le monde associatif. Le plus que possible émancipé du domaine strictement privatif ou marchand, le projet Silex au CREA s’inscrit délibérément dans une certaine vision du monde dans laquelle l’action publique consiste également à préserver ces tiers lieux premiers et tout le bien commun qui en résulte pour les habitants citoyens de la cité que chacun d’entre nous représentons.

 

Un projet à dimensions multiples parfaitement intégré au sein du CREA, innovant pour la Ville et le Canton, fruit de l’intelligence collective et imaginé de manière à valoriser le plus petit centimètre carré et autres trésors d’architecture que recèle en son sous-sol le bâtiment. Impensable dans ces conditions d’imaginer le retour des archives au CREA au regard notamment des travaux et autres aménagements spécifiques en grande partie achevés (plus d’un million d’euros déjà consommés sur un million quatre cents programmés dans le cadre de cette opération). Un projet multipartenarial imaginé au cœur d’un équipement dédié à la culture et à l’éducation depuis bien plus de 30 ans. Des investissements financés y compris par une partie de ceux qui sont aujourd’hui tenus de défendre corps et âmes ces mêmes investissements consentis pourtant de manière parfaitement démocratique.

 

L ’abandon du projet par la nouvelle municipalité sans concertation et appris par voie de presse début décembre 2020 a donc mis le feu aux poudres. Et pourtant, ce projet figurait dans le programme de la candidate élue… Ce « lieu de ressources » est complémentaire à d’autres structures telles que l’école de musique, la Maison des Jeunes et de la Culture…

Très attendu par les Millavois, le projet Silex doit-il faire les frais du possible retour des archives au CREA et devenir un simple un lieu de stockage ?

Dans le cadre de cet échange, la volonté première du collectif est de défendre le projet initial tant dans sa forme que dans le lieu. La Ville accepte à la demande du collectif, la mise en suspens de toutes décisions. Les échanges qui s’en sont suivis ont pourtant mis en évidence la volonté assumée par madame la maire d’éclater le projet, lui faisant perdre par la même occasion toute son essence.

Deux visions s’opposent :

  • Pour des raisons d’ordre budgétaire, la municipalité semble être décidée à fragmenter le projet en le délocalisant en différents endroits de la ville voire auprès de partenaires privés ou issus du secteur marchand.
  • Pour le collectif de soutien, le fondement politique du projet, sa cohérence et sa cohésion restent absolument primordiaux.

Dans la perspective d’être force de proposition, le collectif souhaite travailler sur une alternative associative pour animer ces espaces. Madame la maire et l’élu à la culture souhaitent que leur soit présenté un nouveau projet précisant le public visé, les objectifs et les moyens nécessaires. Pour que ce travail puisse être mené de manière concrète, le collectif a besoin nécessairement qu’on lui fournisse des éléments plus précis vis-à-vis des moyens qui pourraient être dédiés par la Ville pour ce mode de gouvernance !

Le collectif formule plusieurs demandes :

  • Création d’un groupe de travail Ville/collectif pour construire ensemble des solutions ;
  • Préalablement, mettre en place une visite commentée du sous-sol du CREA en faveur de l’ensemble des conseillers municipaux ;
  • Intégrer dans la démarche le Conseil Départemental et toutes les ressources que celui-ci est en mesure de mettre à la disposition de la réflexion.

Le Collectif reste mobilisé pour travailler de concert avec la Ville.

Le collectif de soutien au SIL

Le collectif se dit prêt à "créer une association" pour gérer le fonctionnement du Silex.

Publié le Midi Libre

 

Le bras de fer avec la mairie concerne son maintien dans les murs du Créa.

Un studio d’enregistrement, des salles de répétition, un Fablab, espace de création aux outils numériques… C’est, entre autres, les différentes composantes que le projet Silex devait réunir dans les murs du Centre de rencontres, d’échanges et d’animation (Créa) de Millau.

Livrable au premier trimestre 2021, le projet avait été porté par l’ancienne municipalité, dès 2015, en concertation avec plusieurs associations, et des travaux d’insonorisation du sous-sol ont, depuis, été menés.

"Mais le 4 décembre dernier, nous avons appris, par voie de presse, sans concertation préalable, que son maintien au Créa était mis à mal par la nouvelle mairie", déplore Jean-Bernard Tissot, musicien et porte-parole du comité de soutien au Silex.

"Ce budget sert de repoussoir"

En cause, tout d’abord, le budget de dépenses prévisionnel établi par la municipalité d’Emmanuelle Gazel. Celui-ci prévoit un fonctionnement à 160 000 € par an. Mais pour Jean-Bernard Tissot, ce budget pourrait être bien moindre, jusqu’à quatre fois moins élevé.

"160 000 €, c’est complètement surréaliste, assure-t-il. La mairie a prévu des dépenses incompréhensibles, comme 30 000 € pour une bourse professionnelle qui n’était pas au programme. Nous avons fait d’autres propositions qui ont toutes été refusées. Pour moi, ce budget a seulement été créé pour servir de repoussoir à un projet qu’elle ne veut pas mener."

Des affirmations que la maire conteste. "J’ai appris qu’un budget avait été estimé à 40 000 €, mais pour quoi faire ? interroge-t-elle. Le projet, tel qu’il a été pensé, ne peut pas tourner à 40 000 €, ce serait un projet a minima. Et la mairie ne peut pas se permettre de payer 160 000 €. Si nous voulons mener à bien ce projet, cela veut dire faire une croix sur un autre service public et il en est hors de question."

661 signatures sur la pétition

Autre point de discorde, l’installation des archives de la ville. Actuellement stockées dans de "mauvaises conditions" selon la mairie, elle aurait évoqué la possibilité de les déplacer dans le sous-sol du Créa.

"On a appris plus tard que la "comcom" souhaitait installer le Ping-Pong cowork, un projet d’accueil d’entreprises lucratif, à l’endroit où se trouvent actuellement les archives, qu’il faudrait donc déplacer, explique Jean-Bernard Tissot. D’une part, la présence des archives au Créa n’a aucun sens et, d’autre part, la mairie dit vouloir déplacer le Fablab, et l’installer avec le cowork, or cela n’a rien à voir. Le Fablab n’a pas vocation à côtoyer des entreprises, c’est une mission associative."

Pour Emmanuelle Gazel, il faut "cesser d’opposer les projets entre eux et accepter de travailler ensemble à repenser le Silex. "Mais Jean-Bernard Tissot se dit "déterminé" à obtenir "justice". Seulement trois au début, ils sont maintenant cinquante aujourd’hui dans le collectif de soutien. Une pétition a également été lancée. Elle compte désormais 661 signatures.

Le collectif réclame un moratoire

"Nous réclamons la tenue immédiate d’un moratoire sur la question, assure Jean-Bernard Tissot. Que la mairie arrête de prendre des décisions sans nous concerter. Nous avons également fait une demande auprès du Département pour obtenir un arbitrage sur la question." Du côté de la municipalité, Emmanuelle Gazel assure que le moratoire existe, de fait, déjà, depuis le mois de décembre. "Nous essayons de trouver des solutions, assure-t-elle. Nous voulons aussi la tenue de ce projet, mais différemment."

Clarisse Mat

Le collectif se dit prêt à "créer une association" pour gérer le fonctionnement du Silex. archives MIDI LIBRE